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request_key(2) System Calls Manual request_key(2)

request_key - Demander une clé au gestionnaire de clés du noyau

Utilitaires de gestion de clefs Linux (libkeyutils, -lkeyutils)

#include <keyutils.h>
key_serial_t request_key(const char *type, const char *description,
                         const char *_Nullable callout_info,
                         key_serial_t dest_keyring);

request_key() essaie de trouver une clé d'un type donné, qui correspond à la description (au nom) spécifiée. Si aucune clé n'a pu être trouvée, la clé peut être créée. Si la clé a été trouvée ou créée, request_key() la rattache au trousseau dont l'identifiant est indiqué dans dest_keyring et il renvoie le numéro de série de la clé.

request_key() cherche une clé correspondant aux critères d'abord récursivement à l'intérieur des trousseaux attachés au processus appelant, dans l'ordre suivant : trousseau spécifique au thread, trousseau spécifique au processus, et enfin le trousseau de session.

Si request_key() est appelé depuis un programme lui-même appelé par request_key() au nom d'un autre processus afin de générer une clé, alors les trousseaux de cet autre processus seront ensuite parcourus en utilisant les identifiants d’utilisateur, de groupe, du groupe supplémentaire et le contexte de sécurité de ce processus.

La recherche dans l'arborescence d'un trousseau est de type parcours en largeur : une correspondance est d'abord recherchée avec toutes les clés d'un trousseau avant de chercher dans les trousseaux trouvés dans ce trousseau. Seules les clés et seuls les trousseaux pour lesquels le processus a l'autorisation search peuvent être examinés.

Si aucune clé n'est trouvée et si callout est NULL, l'appel échoue avec l'erreur ENOKEY.

Si aucune clé n'est trouvée et si callout n'est pas NULL, le noyau essaie d'appeler un programme de l'espace utilisateur pour instancier la clé. Les détails sont donnés ci-dessous.

Le numéro de série dest_keyring peut être celui d'un trousseau valable sur lequel l'appelant possède les droits en écriture ou il peut s'agir d'un des identifiants de trousseau spécial suivants :

Cela indique le trousseau spécifique au thread de l'appelant (voir thread-keyring(7)).
Cela indique le trousseau spécifique au processus de l'appelant (voir process-keyring(7)).
Cela indique le trousseau spécifique à la session de l'appelant (voir session-keyring(7)).
Cela indique le trousseau spécifique à l'UID de l'appelant (voir user-keyring(7)).
Cela indique le trousseau spécifique à la session de l'UID de l'appelant (voir user-session-keyring(7)).

Quand dest_keyring est indiqué comme 0 et qu'aucune construction de clé n'ait été effectuée, aucune édition de liens supplémentaire n'est effectuée.

Sinon, si dest_keyring est 0 et si une nouvelle clé est construite, la nouvelle clé sera attachée au trousseau par défaut. Plus précisément, quand le noyau essaie de déterminer le trousseau auquel rattacher la clé nouvellement créée, il essaie les trousseaux les uns à la suite des autres, en commençant par celui défini par l'opération KEYCTL_SET_REQKEY_KEYRING de keyctl(2), puis en continuant dans l'ordre ci-dessous jusqu'à ce qu'il trouve le premier trousseau existant :

Le trousseau du demandeur (KEY_REQKEY_DEFL_REQUESTOR_KEYRING depuis Linux 2.6.29).
Le trousseau spécifique au thread (KEY_REQKEY_DEFL_THREAD_KEYRING ; voir thread-keyring(7)).
Le trousseau spécifique au processus (KEY_REQKEY_DEFL_PROCESS_KEYRING ; voir process-keyring(7)).
Le trousseau spécifique à la session (KEY_REQKEY_DEFL_SESSION_KEYRING ; voir session-keyring(7)).
Le trousseau de la session associé à l'identifiant utilisateur du processus (KEY_REQKEY_DEFL_USER_SESSION_KEYRING ; voir user-session-keyring(7)). Ce trousseau est censé toujours exister.
Le trousseau spécifique à l'identifiant utilisateur (KEY_REQKEY_DEFL_USER_KEYRING ; voir user-keyring(7)). Ce trousseau est toujours censé exister.

Si l'opération KEYCTL_SET_REQKEY_KEYRING de keyctl(2) indique KEY_REQKEY_DEFL_DEFAULT (ou si aucune opération KEYCTL_SET_REQKEY_KEYRING n'est effectuée), le noyau cherche un trousseau à partir du début de la liste.

Si le noyau ne peut pas trouver de clé correspondant à type et à description et si callout n'est pas NULL, le noyau essaie d'appeler un programme de l'espace utilisateur pour instancier une clé au type et à la description donnés. Dans ce cas, les étapes suivantes sont suivies :

(1)
Le noyau crée une clé non instanciée, U, du type et de la description demandés.
(2)
Le noyau crée une clé d'autorisation, V, qui se rapporte à la clé U, et enregistre les faits que l'appelant de request_key() est :
(2.1)
le contexte dans lequel la clé U doit être instanciée et sécurisée et
(2.2)
le contexte à partir duquel les requêtes associées à la clé peuvent être honorées.
La clé d'autorisation est construite comme suit :
Le type de clé est « .request_key_auth ».
Les identifiants utilisateur et de groupe de la clé sont les mêmes que ceux du système de fichiers correspondant du processus à l'origine de la demande.
La clé accorde le droit de visibilité, lecture et de recherche au détenteur de la clé ainsi que celui de visibilité à l'utilisateur de la clé.
La description (son nom) de la clé est la chaîne hexadécimale représentant l'identifiant de la clé à instancier dans le programme à l'origine de la demande.
La charge utile de la clé est récupérée à partir des données indiquées dans callout_info.
En interne, le noyau enregistre aussi l'identifiant de processus de la request_key() appelée.
(3)
Le noyau crée un processus qui exécute un service de l'espace utilisateur tel que request-key(8) avec un nouveau trousseau de session contenant un lien vers la clé d'autorisation, V.
Ce programme est fourni avec les options suivantes en ligne de commande :
[0]
La chaîne « /sbin/request-key ».
[1]
« create » (indiquant qu'une clé doit être créée).
[2]
L'identifiant de la clé à instancier.
[3]
L'identifiant utilisateur du système de fichiers de l'appelant de request_key().
[4]
L'identifiant de groupe du système de fichiers de l'appelant de request_key().
[5]
L'identifiant du trousseau du thread de l’appelant de request_key(). Il peut être zéro si le trousseau n'a pas été créé.
[6]
L'identifiant du trousseau du processus de l'appelant de request_key(). Il peut être zéro si le trousseau n'a pas été créé.
[7]
L'identifiant du trousseau de session de l'appelant de request_key().
Note : chacune des options de la ligne de commande étant un identifiant de clé est encodé en décimal (contrairement aux identifiants de clé affichés dans /proc/keys, affichés en valeurs hexadécimales).
(4)
Le programme généré dans l'étape précédente :
Assume l'autorité pour instancier la clé U en utilisant l'opération KEYCTL_ASSUME_AUTHORITY de keyctl(2) (généralement à l'aide de la fonction keyctl_assume_authority(3)).
Obtient les données de l'appel à partir de la charge utile de la clé d'autorisation V (en utilisant l'opération KEYCTL_READ de keyctl(2) (ou plus généralement, la fonction keyctl_read(3)) avec une valeur d'identifiant de clé de KEY_SPEC_REQKEY_AUTH_KEY).
Instancie la clé (ou exécute un autre programme pour faire cette tâche), en indiquant la charge utile et le trousseau de destination (on peut accéder à celui indiqué par le demandeur lors de l'appel request_key() en utilisant l'identifiant de clé spécial KEY_SPEC_REQUESTOR_KEYRING). L'instanciation est effectuée en utilisant l'opération KEYCTL_INSTANTIATE de keyctl(2) (ou plus généralement, la fonction keyctl_instantiate(3)). À ce moment, l'appel request_key() se termine et le programme à l'origine de la demande peut continuer son exécution.

Si ces étapes ne réussissent pas, une erreur ENOKEY sera renvoyée à l'appelant de request_key() et une clé temporaire et instanciée de manière négative sera installée sur le trousseau indiqué par dest_keyring. Elle expirera après quelques secondes mais elle permettra aux appels suivants à request_key() d'échouer jusqu'à ce qu'elles réussissent. Le but de cette clé instanciée négativement est d'empêcher des processus (potentiellement différents) d'effectuer des demandes répétées (qui requièrent des appels request-key(8) coûteux) pour une clé qui ne peut pas être instanciée positivement (pour l'instant).

Une fois que la clé a été instanciée, la clé d'autorisation (KEY_SPEC_REQKEY_AUTH_KEY) est révoquée et le trousseau de destination (KEY_SPEC_REQUESTOR_KEYRING) n'est plus accessible au programme request-key(8).

Si une clé est créée, qu'elle soit valable ou instanciée négativement, elle remplacera toute autre clé possédant le même type et la même description dans le trousseau indiqué dans dest_keyring.

En cas de succès, request_key() renvoie le numéro de série de la clé trouvée ou créée. En cas d'erreur, la valeur -1 est renvoyée et errno est positionné pour indiquer l'erreur.

Le trousseau n'était pas disponible pour pouvoir être modifié par l'utilisateur.
Le quota de clés de cet utilisateur serait dépassé si la clé était créée ou ajoutée au trousseau.
Le type, la description ou la callout_info pointe en dehors de l'espace d'adressage accessible au processus.
La requête a été interrompue par un signal ; voir signal(7).
La longueur de la chaîne (y compris l'octet NULL final) spécifié dans type ou description a dépassé la limite (respectivement 32 et 4096 octets).
La taille de la clé (octet NULL final inclus) indiquée dans callout_info dépassait la taille de la page du système.
Une clé expirée a été trouvée, mais aucun remplacement n'a pu être obtenu.
La tentative de générer une nouvelle clé a été rejetée.
Une clé révoquée a été trouvée, mais aucun remplacement n'a pu être obtenu.
Aucune clé correspondante n'a été trouvée.
Il n'y a pas assez de mémoire pour créer une clé.
Le paramètre type commençait par un point ('.').

Cet appel système est apparu pour la première fois dans Linux 2.6.10. La possibilité d'instancier des clés à la demande a été ajoutée dans Linux 2.6.13.

Cet appel système est une extension Linux non standard.

Le programme ci-dessous montre l'utilisation de request_key(). Les paramètres type, description et callout_info pour l'appel système sont récupérés à partir des valeurs fournies dans les options de la ligne de commande. L'appel indique le trousseau de session en tant que trousseau cible.

Pour montrer ce programme, on crée d'abord une entrée adéquate dans /etc/request-key.conf.


$ sudo sh
# echo 'création utilisateur mtk:* *   /bin/keyctl instantiate %k %c %S' \

> /etc/request-key.conf # exit

Cette entrée indique que lorsqu'une nouvelle clé « utilisateur » avec le préfixe « mtk: » doit être instanciée, la tâche doit être effectuée par l'opération instantiate de la commande keyctl(1). Les paramètres fournis à l'opération instantiate sont : l'identifiant de la clé non instanciée (%k), les données de l'appel fournies à l'appel request_key() (%c) et le trousseau de session (%S) du demandeur (à savoir l'appelant de request_key()). Consulter request-key.conf(5) pour les détails de ces spécificateurs %.

Puis on lance le programme et on vérifie que le contenu de /proc/keys pour vérifier que la clé demandée a été instanciée :


$ ./t_request_key user mtk:key1 "Payload data"
$ grep '2dddaf50' /proc/keys
2dddaf50 I--Q---  1 perm 3f010000  1000  1000 user  mtk:key1: 12

Pour un autre exemple d'utilisation de ce programme, voir keyctl(2).

/* t_request_key.c */
#include <keyutils.h>
#include <stdint.h>
#include <stdio.h>
#include <stdlib.h>
int
main(int argc, char *argv[])
{

key_serial_t key;
if (argc != 4) {
fprintf(stderr, "Utilisation : %s type description données-appel\n",
argv[0]);
exit(EXIT_FAILURE);
}
key = request_key(argv[1], argv[2], argv[3],
KEY_SPEC_SESSION_KEYRING);
if (key == -1) {
perror("request_key");
exit(EXIT_FAILURE);
}
printf("L'identifiant de la clé est %jx\n", (uintmax_t) key);
exit(EXIT_SUCCESS); }

keyctl(1), add_key(2), keyctl(2), keyctl(3), capabilities(7), keyrings(7), keyutils(7), persistent-keyring(7), process-keyring(7), session-keyring(7), thread-keyring(7), user-keyring(7), user-session-keyring(7), request-key(8)

Les fichiers Documentation/security/keys/core.rst et Documentation/keys/request-key.rst des sources du noyau (ou, avant Linux 4.13, Documentation/security/keys.txt et Documentation/security/keys-request-key.txt).

La traduction française de cette page de manuel a été créée par Christophe Blaess <https://www.blaess.fr/christophe/>, Stéphan Rafin <stephan.rafin@laposte.net>, Thierry Vignaud <tvignaud@mandriva.com>, François Micaux, Alain Portal <aportal@univ-montp2.fr>, Jean-Philippe Guérard <fevrier@tigreraye.org>, Jean-Luc Coulon (f5ibh) <jean-luc.coulon@wanadoo.fr>, Julien Cristau <jcristau@debian.org>, Thomas Huriaux <thomas.huriaux@gmail.com>, Nicolas François <nicolas.francois@centraliens.net>, Florentin Duneau <fduneau@gmail.com>, Simon Paillard <simon.paillard@resel.enst-bretagne.fr>, Denis Barbier <barbier@debian.org>, David Prévot <david@tilapin.org> et Jean-Philippe MENGUAL <jpmengual@debian.org>

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5 février 2023 Pages du manuel de Linux 6.03